Parti apolitique apostrophant les apôtres gouvernementaux et leurs lois tyranniques, les Incontrôlables ont pour objectif de faire cesser la dictature de l’Incontestable par un système qui mettrait l’humain et ses désirs en valeurs. Il n’est pas représenté comme une association, ni comme un véritable parti. C’est plutôt un rassemblement de personnes aux mêmes mœurs, aux mêmes valeurs, ou en tout cas, au moins, au même but : défaire l’Incontestable et supprimer toutes les obligations maritales du Japon qui obligent les gens à se marier contre leur gré. S’ils n’ont pas encore réfléchi précisément à la forme que prendraient les prochains organes étatiques, ils ont pour idée par exemple un système où l’éducation se chargerait d’enseigner aux enfants l’« extérieur » et la notion de « découvrir » qui font tant défaut au gouvernement actuel et qui poussent à un individualisme si brutal qu’il détruit la natalité et les contacts humains. Leur objectif principal est donc de redonner vie aux êtres humains.

Ce groupement n’a aucune tête, aucun chef, sinon des mentors qui savent parler fort et qui traînent de l’expérience derrière eux. Pour le moment, au vu de son jeune âge, ce sont les deux membres des Anartist’s Brothers, des projets plein la tête, qui en incarnent les meilleurs représentants. Le reste se présente sous une forme horizontale de réseau : quelqu’un connaît cinq personnes autour de lui qui veulent renverser le gouvernement, parmi ces cinq personnes, une en connaît deux, parmi les deux, une en connaît trois, et ça continue ainsi. Les Incontrôlables sont peut-être un rassemblement, mais seulement d’esprit : les corps sont éparpillés selon les connaissances, et le seul conglomérat d’anarchistes véritablement dense est celui détaille plus haut. Cette forme permet à l’association d’être impossible à chiffrer réellement (surtout si on a du mal à définir sur qui est un membre réel et qui ne l’est pas), de pouvoir rapidement appeler des renforts pour des projets et enfin d’avoir énormément d’informations venant de tous les horizons de Tokyo, voire d’ailleurs. Le nombre réel reste cependant tout à fait modeste pour le moment.

Ce qui distingue ce réseau des autres formes alternatives est la brutalité et la non-concession propre aux anarchistes, mais surtout, la volonté indomptable et indestructible de ses membres ivres d’une liberté séparée d’eux de kilomètres d’océan. Les Incontrôlables, en tout cas, ses membres les plus chevronnés, peuvent être vus comme des personnes qui avancent constamment, battus par les plaintes, rebattus par l’opinion, rabâché par les forces de police, et pourtant qui ne lâchent jamais rien, qui tracent, un pas après l’autre, tout le monde soutient tout le monde, une marche inexorable vers la liberté qu’une simple prison ne peut arrêter. A coups d'élocutions, d'arts, de concerts, de tracts, de projets, de bouche-à-oreille, d'idées, de colloques informels, de casses, de hurlements, ses membres progressent centimètre par centimètre, en blocs de vie pure. C’est notamment pourquoi ils sont actuellement les opposants les plus vigoureux et les plus acharnés de l’Incontestable.

Ecrit par Nathaniel Kezeyencko.

Les Anartist’s Brothers ne sont pas par définition que la tour de contrôle des Incontrôlables, ce n’est que l’évolution logique de leur groupe d’artistes à la base dont la vocation est le combat contre le gouvernement sous toutes ses formes à travers leur art respectif en passant par les milieux punks pour toucher le populaire, telles des éruptions de volonté combattante. Au début d’un succès qu’on peut espérer croissant, les Anar Bro étaient à la base deux, soit Joshua et Nathaniel, travaillant respectivement dans le milieu graphique et dans l’univers des mots. Efficaces dans leur domaine, ils n’hésitent pas non plus à mêler leur art dès qu’ils en ont l’occasion en tirant parti de leur synergie. Ils sont rejoints par la suite par la chanteuse Lhym, la porte-parole qui adoucit les traits rugueux des autres compères et rend plus accessible la parole du trio. Les Anartist’s Brothers évoluent au sein des Incontrôlables, mais ont donc leur propre logique et leur propre arme, purement artistiques, ainsi que leur combat personnel, qu’ils mènent plus en profondeur.

Ecrit par Nathaniel Kezeyencko.